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4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 18:15

Vendredi 5 septembre

 

8h30, nous partons pour le mont Carmel. Carmel vient de l'hébreu "kerem El" qui signifie vignoble de Dieu. Nous y visitons une église dans laquelle nous chantons. L'accoustic est top. Je pense vraiment qu'il existe peu de choses au monde qui soient aussi prenantes qu'un chant chanté dans une église, une cathédrale où un autre lieu qui porte autant les voix. J'ai toujours apprécié ces moments durant le voyage.

Nous entrons dans les jardins Bahaï connu pour leur beauté. Tout y est superbement entretenu. Un portail cadenacé empèche les visiteurs de s'aventurer trop loin à l'interieur de ce parc. Il est également interdit de courir, de jouer ou de pique-niquer. Le Bahaïsme est une religion qui compte environ 7 millions de membres dans le monde entier.

 

062-Jardin Bahai, Haifa

Jardins Bahaï, Haifa

 

Nous quittons les lieux pour remonter vers l'église. Nous avons un moment de libre et la majorité du groupe va boire un verre. Pour ma part, j'observe, admire, respire, écoute, sens, touche, vis. Je vois les paparazzis de notre groupe faire des aller et retour devant la superbe vue que nous avons sur Haifa, les Jardins Bahaï, le port, la mer méditerranée et même le Liban que l'on distingue faiblement au loin. Je me mets à l'écart. Dieu, je ne le sens presque pas. Je me sens agitée. Une agitation humaine et très classique de notre société et de notre époque. J'aimerais prier, lire la Bible, je n'arrive pas à me concentrer. Une idée me vient. Danser. Pourquoi pas, après tout. Je regarde autour de moi. Là-bas, il y a une personnes, mais elle me tourne le dos. Je ferme les yeux, je commence à bouger. Je me sens bête. Je regarde autour de moi, juste à temps pour voir deux personnes arriver au loin. J'attends qu'elles soient parties et je recommence. Je ferme à nouveau les yeux et je danse. Avec un peu plus d'assurance. Quand les mots et le mental sont absents, le corps est là. Alors je danse. Je danse pour dire merci. A Dieu. Merci pour la vie, merci pour ce voyage, merci pour ce groupe, merci pour ces rencontres, merci pour ces lieux, merci pour le soleil, la chaleur, le ciel bleu. Je prends un peu d'assurance. Un peu. Mais je me sens mieux.

 

068-Haifa

Vue du Mont Carmel sur Haifa et la mer méditerranée

 

Un regard sur ma montre me fait réaliser qu'il est l'heure de rejoindre le groupe. Je me rend à la terrasse du café et papote avec quelques personnes qui sirotent leur boisson. Notre organisatrice nous fait signe et nous retournons au bus.

Toujours sur le Carmel, nous nous rendons dans un village druze où nous dînons. Falafel, c'est parfait. Il est bien meilleur que celui que j'ai pu manger en Suisse ou aux Etats-Unis.

Le chauffeur du bus prends la route qui nous ramène à l'hôtel. En chemin, il quitte la grande route et nous amène à Césarée, connue pour son aqueduc d'une longueur de 17 km. Le bleu de la mer méditerranée fait ressortir l'orange-beige de la construction. C'est magnifique! Lorsque les clics des appareils de photos s'interrompent, le bus repart et nous dépose à notre hôtel de Netanya.

C'est vendredi, fin d'après-midi. Ce soir, lorsque le soleil ce sera couché et que trois étoiles brilleront dans le ciel, ce sera shabbat. Plus de travail pour les juifs pratiquants. Place à la fête. La plupart des magasins ferment déjà à 14h. Heureusement, le magasin de l'hôtel est encore ouvert. Ca tombe bien, parce que j'ai vraiment besoin de pouvoir acheter des cartes postales. Je parle trois mots d'hébreu avec ma soeur. La caissière nous entend et nous sourit. Nous continuons notre tour dans le magasin quand je m'adresse à ma soeur en français. La caissière se joint alors à notre discussion dans un français parfait. Elle vient de Nîmes et habite en Israël depuis de nombreuses années. Elle me montre les cartes postales qu'elle a encore en stock et j'en achète une dizaine. Je monte pour poser mon sac à dos dans ma chambre, puis je descend à la plage. L'hôtel est bondé, la plage l'est aussi. De nombreux israéliens sont venus passer shabbat à Netanya. A la plage, certains se baignent, d'autres jouent au freezbe ou au beach ball. Deux hommes font une partie de backgammon. Je marche au bord de l'eau jusqu'à un endroit un peu plus tranquille. Des détritus traînent partout. Je cherche un peu d'ombre derrière un rocher orange, tout en chassant l'idée que c'est un coin parfait pour ceux qui ont besoin d'aller pisser. J'écris quelques cartes postales. Le soleil tape fort et j'ai presque de la peine à me concentrer. Alors je sors mon appareil de photos.

 

072-Netanya

Netanya

 

Il est temps que je longe la plage en sens inverse et que je retourne à l'hôtel. Bientôt, les juifs remonteront de leur salle où ils ont le culte du soir de shabbat et viendront prendre leur repas de shabbat dans la salle à manger de l'hôtel. A cette occasion, ils prononceront la bénédiction du pain et du vin et chanteront des chants. Je me réjouis de voir cela, bien que j'ai une petite idée de ce à quoi cela ressemble, ayant visité une synagogue aux Etats-Unis, un soir de shabbat.

Lorsque j'arrive à l'hôtel, c'est noir de monde. Des enfants courent partout, la majorité des femmes mariées ont les cheveux recouverts d'un foulard et la plupart des hommes et des garçons portent la kippa. Sur les trois ascenseurs de l'hôtel, l'un sera pour les prochaines 24 heures un "shabbat lift", un ascenseur du shabbat. Cet ascenseur s'arrête à chaque étage, sans que l'on presse aucun bouton. Surtout, ne pas être pressé.  Depuis que les juifs ont reçu les dix commandements de Moïse, il leur est interdit d'allumer un feu le jour du shabbat. De nos jours, le feu est remplacé par l'électronique. Presser le bouton d'un ascenseur est considéré comme allumer un feu, donc interdit aux juifs religieux, le jour de shabbat.

Je grimpe l'escalier jusqu'à ma chambre - je considère que tant que j'ai des jambes et qu'elles me portent, j'utilise les escaliers plutôt que l'ascenseur - et prend une douche bienfaisante. Je me decrasse de tout ce sel qui, un jour de plus, recouvre tout mon corps. Je me mets sur mon trente-et-un et descend à la salle à manger, en compagnie de Michaela. Nous sommes les premières de notre groupe. Dans les couloirs menant à la salle à manger, deux tables recouvertes d'une nappe blanche trônent contre un mur. Sur chacunes d'elles, un grand bac d'un diamètre de près d'un mètre remplis d'eau, des bougies à réchaud et des allumettes. De nombreuses bougies allumées flottent déjà, donnant une ambiance de fête. La salle à manger est méconnaissable. Les tables individuelles ont été rassemblées, formant des tablées selon les groupes résidant à l'hôtel. Elles sont elles aussi recouvertes de nappes blanches, et sur chacune d'elle il y a du jus de raisins. Le buffet déborde de mets meilleur les uns que les autres. Il y en a vraiment pour tous les goûts.

Notre table se trouve plutôt dans le fond de la salle. Les membres de notre groupe arrivent petit à petit. Aux tables voisines, certaines familles en petit comité ont déjà entrepris de bénir le pain et le vin et commencent à manger. Pendant que nous allons nous servir, un grand groupe rejoint la table du fond et s'y installe. C'est la fête. Il y a des familles avec des enfants en bas âge, des couples, des ados. ça cause, ça rigole. Puis ils entonnent le chant "Shalom Aleichem". Entonner n'est probablement pas le bon terme. Plusieurs jeunes chantent d'une voix tellement forte que l'espace d'un instant je me crois dans un stade de foot. Pour faire simple, ils ont chanté cette chanson : link  mais de cette manière (dès la 38ème seconde) : link  Cette chanson va rester dans ma tête, dans mon coeur et sur mes lèvres pendant plusieurs jours.

Après le repas, je monte changer de chaussures et rejoins ma soeur. Nous descendons sur la plage et profitons de cette merveilleuse soirée. Nous longeons la mer dans un sens puis dans l'autre. Nous croisons un couple assis à une petite table pliante qui nous aborde en hébreu. L'homme nous demande si nous avons faim et si nous voulons manger quelque chose. Je le remercie en expliquant que nous sortons du repas et que nous n'avons plus faim. Dans notre conversation, nous apprenons qu'ils habitent Tel-Aviv et qu'ils viennent ici pour passer le weekend.

Nous continuons notre promenade, discutant de tout, de rien. Une discussion entre soeurs.

Après m'être lavée les jambes pour me débarrasser du sel de la mer, je me glisse au lit, épuisée mais le coeur en fête.

שבת שלום ולילה טוב

(shabbat shalom et bonne nuit. Shabbat shalom étant la manière de se saluer le vendredi et le samedi)

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