Samedi 6 septembre
Il est 21h30, je suis épuisée!!!
Ce matin, après huit heures de dodo comme un bébé, j'émerge à 6h, soit une heure avant la sonnerie du réveil. Je me lève et me rend sur la plage où je reste près de trois quarts-d'heure. Il y a des nuages dans le ciel, et l'aube les teinte de rose et de violet. C'est super beau. Je croise peu de monde. Deux-trois personnes font leur jogging, une dame promène son chien. Au loin, un couple sort de l'eau après une baignade bien matinale. L'eau est tiède. C'est probablement le seul moment de la journée où elle est rafraîchissante.
Mer méditerranée à l'aube, Netanya
Je me concentre sur Dieu. Je désire être proche de lui, en ce début de journée. Je me sens bien. Je repense à toutes ces personnes que nous avons rencontrées jusqu'ici. Je me rends compte à quel point j'aime ce pays et ses habitants. Qu'ils soient israéliens ou palestiniens, juifs, musulmans, chrétiens ou druzes. Je les aime. Alors je prie. Je prie pour que les coeurs se vident de leur haine et de leur amertume, comme l'eau érode les pierres que je voie dans la mer, en face de moi, et qu'ils se remplissent d'amour, comme le vent occupe chaque fissure dans la roche, aussi petite soit-elle.
Les pierres au milieu de la mer, érodées par les vagues au fil du temps
Lorsque nous quittons l'hôtel, nos valises dans la soute du bus, de grosses gouttes de pluie se mettent à tomber. Je me dit que les habitants du coin doivent être heureux, après ces longs jours de chaleur. Je me trompe. Cette pluie ne fait que laver l'air de toute la poussière qui s'y trouve, recouvrant absolument tout de cette poudre brune. Notre chauffeur démarre le plus vite possible pour éviter que le bus soit trop poussiéreux.
Nous filons vers la Cisjordanie. Notre première destination est Sebastya, anciennement connue sous le nom de Samarie. Un musulman nous accueille et nous fait visiter le tombeau de Jean le baptiste ainsi que sa prison, puis la mosquée. Nous avons même l'autorisation de grimper les 57-58 marches menant au sommet du minaret. Une expérience unique.
Minaret à Sebastya (Photo: Michaela)
Nous reprenons le bus pour visiter d'autres ruines de la ville, entre autre d'origine hérodienne, romaine et byzantine.
Ruines de Sebastya (Photo: Michaela)
Deux enfants nous repèrent de loin, ainsi qu'un vieux bédouin. Les enfants essaient de nous vendre des pièces de monnaies qu'ils disent être vieilles de plusieurs siècles. L'âne du bédouin porte des bouteilles d'huile d'olives dont nous ignorons la qualité. La majorité d'entre nous n'entrerons pas en matière.
Âne du bédouin, Sebastya (Photo: Michaela)
Ayant faim, nous allons manger au restaurant qui se trouve sur place. En entrée, comme lors de la majortié des repas que nous mangerons chez des arabes, nous avons du pain pita et toute sorte de sauces dont du houmous, ainsi que des petits légumes. Dès qu'un de ces bols est à moitié entammé, ils nous en apportent un plein.
Puis vient le plat principal; un mélange de riz, fromage et choux-fleur (à tomber, tellement c'est excellent) et du poulet. Nous mangeons jusqu'à ce que notre estomac nous signale qu'il n'a vraiment plus de place, et le dessert arrive. Un plat de fruits, dont des figues fraîches que notre chauffeur a achetées au bord de la route, à l'entrée de la Cisjordanie.
Direction Naplouse, où nous nous arrêtons pour visiter une église appartenant à la communauté grecque orthodoxe.
Vendeurs de café et de Corans (Photo: Michaela)
Le prêtre vient à notre rencontre et nous salue. Il est très âgé. Dans sa longue robe noir, sa barbe grise lui arrivant jusqu'à la poitrine et ses yeux chaleureux, il nous présente les lieux et nous en conte l'histoire. Comme tant d'églises dans la région, celle-ci a été construite, détruite et reconstruite encore et encore. Il a lui-même dessiné les plans pour terminer celle-ci et est l'artiste des lieux. Chaque mosaïque, peinture, icône, vitrail que l'on voit a été créé de ses mains et est le fruit de son imagination.
Le prêtre ferme hermétiquement les petites cruches contenant un peu d'eau du puits de Jacob (Photo: Michaela)
Il garde ces lieux depuis plusieurs décennies. Il en est l'âme. Il nous emmène quelques marches plus bas, jusqu'au fameux puits de Jacob. Nous pouvons boire l'eau de la source, tellement elle est pure.
Puits de Jacob, Naplouse (Photo: Michaela)
Nous passons un bon moment en sa compagnie. Et c'est profondément touché par l'amour et la douceur de cet homme que nous quittons Naplouse.
Camp bédouin, Cisjordanie (Photo: Michaela)
Cisjordanie (Photo: Michaela)
Nous traversons Bethléem sans nous arrêter et arrivons à Beit Sahour. Là, nous faisons un tour dans le magasin Boah's Field connu pour ses nombreux objets handmade en bois d'olivier. Après réflexion et beaucoup de va et vient je me décide pour deux pendentifs et un bougeoir.
Je rejoins les personnes du groupes qui sont déjà à l'extérieur du magasin. Un indigène est vers le coffre ouvert de sa voiture et essaie de vendre quelques objets. Mais il se fait tard, il range toutes ses affaires, ferme le coffre et se dirige vers la portière avant. Il nous lance un "Good night" et l'ouvre. Mes neurones travaillent à toute allure et je prononce un "layla sa'yda" ("bonne nuit" en arabe) mal assuré. Il était déjà assis sur son siège et s'apprétait à refermer la portière lorsqu'il bondit hors de sa voiture et parcours le groupe du regard. Je souris et répète "layla sa'yda". En anglais, il me demande alors si je parle arabe et je lui répond que je l'apprend. Il me dit merci en arabe, entre dans sa voiture et démarre.
Lorsque tout le monde a terminé ses achats, nous nous rendons à pieds à l'hôtel, situé à quelques dizaines de mètre de là, recevons nos clefs de chambre et montons déposer nos valises. Le reste de la soirée se passe tranquillement. Douche, repos, souper, papoter et dodo.
ليلى سعيدة
(Bonne nuit en arabe)